J'ai toujours déclaré être féministe. Comme un certain nombre d'hommes, je me sens très concerné par l'égalité hommes-femmes dans la société, et j'essaie de lutter quand je le peux contre les discriminations faites à l'encontre des femmes, tout comme je combats aussi contre la xénophobie ou l'homophobie. Cependant, depuis quelques temps, j'ai de moins en moins envie de dire que je suis féministe.

Je lis des blogs et des sites féministes, et on voit de temps en temps des féministes qui s'expriment dans les médias. Je vais ici généraliser, mais voici ce que j'observe comme large tendance. Je vais parler de « la féministe radicale » pour souligner que toutes les féministes ne sont pas forcément comme elle.

Tout d'abord, la féministe radicale est une femme. Forcément. La féministe radicale rejette systématiquement tous les torts sur les hommes. C'est les hommes qui exploitent, maltraitent, injurient, rabaissent, écrasent les femmes. C'est eux et eux seuls qui sont responsables de tous les maux. Ensuite, la féministe radicale est une gueularde. Elle a « la haine » et sa passion, c'est les coups de gueule : contre les hommes évidemment. Son adjectif préféré, c'est « sexiste » : dès qu'une femme est en sous-vêtements, dénudée ou même simplement jolie sur une affiche, c'est sexiste. Si c'est une affiche du même genre mais avec un homme dessus, c'est pas sexiste : c'est un macho.

La féministe radicale de base pense que les femmes sont meilleures que les hommes. Les femmes sont moins violentes, moins dangereuses, plus attentives. S'il y a des guerres, c'est à cause des hommes, au tempérament plus violent. J'admets que c'est une croyance assez répandue, et qui s'observe en pratique également. Mais c'est un cliché profondément machiste : ce n'est pas parce qu'elles sont naturellement bonnes que les femmes commettent moins de crime, se baguarrent moins et ne font pas la guerre. C'est parce que la femme est moins forte physiquement que l'homme, que traditionnellement, la femme est à la maison et s'occupe des enfants, et que culturellement, les filles ne sont pas élevées comme les garçons. On observe d'ailleurs une nette augmentation des violences commises par des femmes dans nos sociétés modernes où les femmes sont de plus en plus indépendantes.

Ensuite, la féministe radicale est généralement pour forcer la parité, en politique, et un peu partout. Que l'Assemblée Nationale - par exemple - soit à l'image de la société, je suis plutôt pour. Mais obliger la parité, c'est idiot : si on a plus d'hommes compétents que de femmes compétentes pour un poste, ou l'inverse, on va compléter par des incompétents, ou des moins bons? Et puis, un élu est sensé représenter tout le monde, pas juste les gens de son sexe. Un député blanc ne représenterait que les blancs? Mettons alors des quotas d'arabes, d'agriculteurs, de roux, d'hommes aux cheveux longs, d'homosexuels, de philatélistes, d'handicapés... Je vous laisse pas imaginer la complexité si des personnes font parties de plusieurs catégories de quotas...

D'une manière générale, la féministe radicale fait plein d'études et de statistiques pour montrer qu'elle a raison. Par exemple sur les salaires inférieurs des femmes dans le monde professionnel. C'est vrai qu'en moyenne, à poste équivalent, une femme gagne parfois moins qu'un homme. Je ne dis pas que tout est juste ou égal dans les salaires. Mais la féministe radicale ne précise jamais qu'en moyenne aussi, les hommes passent plus d'heures au travail et sont plus « esclaves du boulot ». Ce n'est pas que les femmes sont fainéantes : culturellement, c'est elles qui font généralement le plus de tâches ménagères et qui s'occupent des enfants. En général, elles ne peuvent donc pas s'investir autant dans le boulot que les hommes : dans ce cas, c'est normal qu'elles soient moins payées.

Bref, la féministe radicale s'intéresse seulement à ce qui concerne les femmes, et rejette massivement la faute sur les hommes. Un peu comme la nationaliste pense que sa nation est la seule intéressante au Monde. Et finalement, la féministe radicale fait exactement ce qu'elle critique : elle discrimine l'autre sexe. On a souvent l'impression qu'une bonne partie des féministes militantes veulent juste prendre une revanche sur la gente masculine, pour des raisons personnelles. Et chez certaines, on sent même la volonté d'établir une société matriarcale. Cette attitude nuit à la cause qu'elles prétendent défendre.

Ma vision du féminisme est sensiblement différente. L'important, c'est d'arriver à l'égalité hommes-femmes sur tous les points. Et pour cela, il faut travailler ensemble, hommes et femmes, pour y arriver. Il faut lutter contre le machisme, mais pas en rejettant toujours la faute sur les hommes et en ne voyant que des problèmes de femmes là où il s'agit dans la majorité des cas de problèmes d'humains.

Conclusion : chacun doit faire des efforts pour plus d'égalité. Surtout certaines féministes ;-)