Après plusieurs semaines de combats qui ont fait plus d'un millier de morts dans la bande de Gaza, les troupes israéliennes se retirent progressivement. Tout était bien organisé : les Israéliens ont laissé la situation humanitaire se dégrader dans la bande de Gaza, ont lancé des raids et des bombardements aériens, puis une attaque terrestre, tout en bloquant toute médiation de cessez-le-feu pendant la durée du conflit qui se finit juste la veille de l'investiture du nouveau président américain, et également en limitant l'accès à la bande de Gaza à la presse internationale.

Cette offensive, qui est la plus grande offensive dans les territoires palestiniens depuis 40 ans, était complétement stupide. Son but, impressionner les ennemis d'Israël, faire oublier les déboires de l'armée israélienne face au Hezbollah, déstabiliser le Hamas et donner une image plus dure au gouvernement actuel : en effet, les élections approchant, l'équipe sortante avait peur de se faire traiter de « poule mouillée » par l'extrême droite. C'était d'ailleurs une offensive, et non pas une « guerre » : le Hamas, certes capable de tirer des roquettes et de mener de petites guérillas urbaines, n'est qu'un groupe armé qui n'a quasiment pas résisté face aux assauts israéliens. On le voit d'ailleurs aux pertes humaines : 1300 morts et 5000 blessés côté palestinien, 13 morts et 100 blessés côté israélien.

En outre, selon des observateurs européens, l'armée israélienne aurait utilisée des armes dont l'usage est restreint ou limité par le droit international humanitaire (obus fumigènes M825 au phosphore blanc, armes expérimentales à base de Dense Inert Metal Explosive) et de plus a volontairement ciblé des civils, comme l'a indiqué le général Dan Harel, chef d'État-Major adjoint de Tsahal : « nous ne frappons pas uniquement les terroristes et les lance-roquettes mais aussi l'ensemble du gouvernement du Hamas. Nous visons des édifices officiels, les forces de sécurité, (...) ».

Finalement, le résultat escompté n'est peut-être pas le bon. Le Hamas a surement été renforcé par cette intervention : certes, il a perdu des bataillons, mais il n'a jamais cessé de tirer des roquettes sur l'Etat hébreu. De plus, il a obtenu beaucoup de crédit auprès de la population : désormais, les islamistes seront davantage perçus comme une armée de défense contre le grand méchant Israël. Même les Palestiniens les plus sceptiques vis à vis de la nécessité de la lutte armée contre Israël percevront le Hamas sous un jour meilleur après cette offensive meurtrière et disproportionnée. De plus en plus de Palestiniens vont se radicaliser.

Israël a mené cette guerre en méprisant complétement la communauté internationale, qui est restée immobile comme d'habitude : le traumatisme de la Shoah et le soutien indéfectible des Etats-Unis (don américain de 3 milliards de dollars par an qui représente 20 % du budget militaire annuel israélien) continuent de faire du pays des juifs radicaux un état intouchable. En outre, cette guerre éclair aura une fois de plus souligné le caractère aggressif et militaire de l'état hébreu, qui ne fait rien pour calmer la situation au Proche Orient, et qui attaque n'importe qui n'importe quand. Qu'on se le dise : avec des pays tels qu'Israël, l'Iran, l'Irak et l'Arabie Saoudite, le Proche Orient risque encore d'être « explosif » au XXIe siècle.