C'est officiel, la France va réintégrer le commandement intégré de l'OTAN. Cela montre bien le niveau de nullité de la politique étrangère du gouvernement. Explications.

La France, membre fondateur de l'OTAN, bénéficiait depuis les années soixante d'une position unique au sein de l'Organisation. En effet, le général de Gaulle se retire de la structure militaire intégrée et de sa direction en 1966, afin d'être pleinement indépendant des États-Unis sur le plan militaire. Ainsi, la France est un allié de l'OTAN, mais l'OTAN ne peut pas agir sur l'armée française. De plus, la France bénéficiait jusqu'ici d'un régime dérogatoire de « financement à la carte », où elle pouvait choisir au cas par cas les opérations ou programmes qu'elle voulait financer. Cette situation unique permettait aux Français de travailler avec l'OTAN et les Etats-Unis, tout en gardant une certaine liberté d'action et de parole. Cela rendant possible un dialogue multilatéral. Rendant possible d'être un allié des Etats-Unis, mais de refuser de s'engager dans une sale guerre, comme celle d'Irak.

Désormais, sur le plan militaire et géopolitique, la France va devenir un pion des Etats-Unis. Etre dans le commandement intégré de l'OTAN, c'est être téléguidé par les Américains. Car l'OTAN, politiquement, économiquement (30% du budget de l'OTAN est financé par les Etats-Unis) et bien sûr militairement. L'OTAN a permis au pays de l'oncle Sam de déployer en Europe de nombreuses bases américaines, y compris d'y déployer certaines armes nucléaires tactiques américaines, mais basées en Europe, notamment en Allemagne (Büchel), en Belgique (Kleine Brogel), aux Pays-Bas (Volkel), en Italie (Ghedi Torre) et même en Turquie.

L'OTAN fonctionne selon le bon vouloir de la politique étrangère des Etats-Unis, et oblige les pays membres à s'aligner sur son plan d'action. L'entrée de la France dans l'OTAN, c'est le retour de bases militaires américaines dans l'hexagone, c'est enterrer la construction d'une politique européenne de défense autonome, c'est la France au service de l'impérialisme américain. Félicitations à Nicolas Sarkozy et Bernard Kouchner, grands fans des Etats-Unis, qui ruinent ainsi quarante an de politique étrangère française, sans aucunes explications ni consultation populaire. Et bon courage aux militaires français qui meurent en Afghanistan et qui mourront ailleurs demain pour le bon plaisir de Washington.