Luc Chatel, le ministre de l'Éducation nationale, a présenté le 10 décembre dernier sa réforme du lycée qui entrera en vigueur à la rentrée 2010.

Cette réforme introduit tout d'abord deux heures hebdomadaires d'accompagnement. Selon les lycées et selon les périodes de l'année, on y fera de la méthodologie, de l'orientation ou de l'approfondissement. Déjà, premier bémol : ce sont des heures qui ne seront pas véritablement structurées (la preuve, l'accompagnement n'a même pas été défini clairement par le ministère, et il sera géré par chaque établissement comme bon lui semble), donc qui n'apporteront pas forcément grand chose aux élèves.

Mais surtout, de nombreuses suppression d'horaires ont lieu. En seconde, les deux demi-heures de modules de français et d'histoire-géographie et des demi-heures en sciences sont supprimées. L'option sciences économiques et sociales des classes de seconde voit son horaire passer de 2 h 30 à 1 h 30 . A la différence de ce qui avait été annoncé en 2008, la physique-chimie (trois heures) et des sciences de la vie et de la Terre (1h30) restent dans le tronc commun, même si leurs horaires sont diminués. Les lycéens de seconde devront désormais choisir obligatoirement un enseignement parmi deux enseignements économiques (sciences économiques et sociales ou économie appliquée et gestion), à moins de remplacer ces enseignement par une langue (latin, grec ou LV3) ou une discipline exotique disponible dans son lycée (ex : arts du cirque).

L'horaire de mathématiques en première S passe de cinq heures hebdomadaires à quatre heures ; il progresse de 30 minutes en terminale S. En première S, l'horaire de physique-chimie passe de 4h30 à trois heures, les sciences de la vie et de la terre passent de qutre heures à trois heures. L'histoire-géographie est supprimée en terminale S ; elle progresse en première S, mais l'horaire total sur les deux années diminue. En première et terminale L, une heure de langue vivante a été supprimée. En première L, deux heures de littérature étrangère en langue étrangère remplacent les mathématiques-informatique qui disparaissent des enseignements obligatoires ; ils restent disponibles en option. En première L toujours, une demi-heure de littérature française est supprimée. En première et en terminale ES, des heures servant aux enseignements laissés au choix (maths, sciences économiques et sociales ou langues vivantes) sont supprimées. Peut-être que Luc Chatel, titulaire d'un DESS de marketing et ancien DRH d'une entité du groupe L'Oréal, ne voit-il pas l'intérêt d'enseigner les sciences et l'histoire-géo ?

Pour résumer, de nombreuses heures de cours sont supprimées dans toutes les matières. De nombreuses heures ont également déjà été supprimées en primaire et au collège. La raison est simple : cela facilitera la suppression de postes dans l'éducation nationale (plus de 10 000 postes ont été supprimé en 2008 et en 2009) : moins de cours, moins besoin de payer des profs. Mais les conséquences seront désastreuses. Avec la suppression du tronc commun d'heures de matières expérimentales en seconde, de l'histoire-géographie en terminale S et des mathématiques en première L, c'est à la culture générale des lycéens qu'on s'attaque. En supprimant des cours, on réalise un nivellement vers le bas du niveau des lycées, et on menace surtout les élèves les plus faibles et les plus riches. Les plus doués s'en tireront même avec moins de cours, et les riches pourront compléter leur formation par des cours privés.

Lorsque l'on s'attaque à sa réforme, Luc Chatel s'indigne contre « l'immobilisme » des profs et des citoyens qui ne veulent jamais que rien ne change. Facile. Je suis pour une réforme de l'éducation, mais sûrement pas pour celle qui consiste à supprimer des enseignants et des heures de cours. Je suis pour des heures d'accompagnement, mais pas au dépend des heures d'enseignement ; avant de faire du soutien, il faut déjà penser à éduquer les lycéens. Aujourd'hui, il n'est pas rare que les classes de terminale S comptent 40 élèves : une réforme urgente et utile serait peut-être de réduire ce nombre à 25. Il faudrait aussi peut-être développer les filières technique et arrêter d'envoyer tout le monde dans les filières générales, et développer un système à l'allemande avec Gesamtschule/Gymnasium. Le mondé éducatif serait sûrement ouvert à des réformes de ce type.

Peut-être que le gouvernement a un intérêt à ce que les futurs électeurs soient moins bien éduqués que leur aînés, ce sera plus facile de leur faire croire que ce genre de réformes sont pour leur bien... On peut ainsi lire sur le site officiel du ministre qui casse le servie public de l'éducation française : « Mieux s'adapter à son époque. Pour un lycée qui favorise l'apprentissage des langues étrangères. Pour un lycée qui favorise l'accès à la culture. Pour un lycée qui favorise la responsabilisation des lycéens. ». Merci Luc Chatel !

sources :

http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2009/12/10/01016-20091210ARTFIG00134-la-reforme-du-lycee-decryptee-matiere-par-matiere-.php
http://www.letudiant.fr/etudes/lycee/la-reforme-du-lycee-decortiquee-et-commentee-17351/reforme-du-lycee-les-matieres-gagnantes-les-matieres-perdantes-17074.html
http://espritvif.free.fr/index.php?2009/07/12/1042-bilan-2-ans-de-sarkozy-education-et-recherche