Nicolas Sarkozy essaie de faire passer son projet phare, j'ai nommé la réforme du régime des retraites. Cette réforme consistera, sauf pour les bénéficiares de régimes spéciaux (RATP, SNCF, Banque de France, EDF, ministres et parlementaires etc.), au report de l’âge légal de départ à la retraite. Elle prend sa source au problème suivant : l'espérance de vie augmentant et la population vieillissant, il y a moins d'actifs qu'autrefois et plus de retraites à payer. Le gouvernement nous dit qu'il va falloir travailler plus longtemps pour payer le déficit des retraites.

Premier point, il n'est pas prévu de toucher aux régimes spéciaux (par peur de manifestations et de grèves des bénéficiaires desdits régimes), ce qui n'est pas juste. Mais surtout, c'est un dogme que seule l'augmentation de la durée d'activité peut répondre au choc démographique auquel sont confrontés nos régimes de retraites. Ainsi, on ne parle guère de l'accroissement de la productivité du travail : en fait, il y a aujourd'hui moins de gens qui cotisent qu'auparavant, mais ils produisent autant de richesse que les actifs d'il y a trente ans.

Où est passé l'argent ? Dans la poche des dirigeants qui se goinfrent toujours plus sur le dos de leurs salariés, par exemple le PDG de Danone, Franck Riboud, avec une rémunération annuelle de 4,4 millions d'euros en 2009. On notera aussi que l'argent public est dépensé à tout va par nos dirigeants pour n'importe quoi ; pour prendre des exemples tous frais, cela va de l'achat des cigares de Christian Blanc, aux hôtels 5 étoiles de Rama Yade à l'étranger, en passant par les conflits d'intérêts de la famille Woerth. Un beau paquet d'argent qui au final aurait aussi pu servir pour les retraites... Ce sont également ces mêmes dirigeants qui ont favorisé les délocalisations et les transferts de technologies vers l'étranger, augmentant le nombre de chômeurs - soient autant de gens qui ne financeront pas les retraites.

Cette réforme n'est pas bonne non plus pour le marché du travail actuel. En juin 2010, il y a 4 millions de chômeurs en France, et le taux de chomâge des jeunes atteint 29 %. Dans ces conditions, pourquoi continuer à faire travailler les aînés, alors que les jeunes sont plus productifs et qu'un jeune au chomâge ne particpe pas à l'effort de cotisation pour les retraites ? J'ajouterai qu'après une quarantaine d'année à travailler 35 ou 39 heures par semaine, avec à peine 5 semaines de congés par an (je sais, à l'étranger c'est parfois pire), pour entretenir les yachts des PDG et des actionnaires gloutons, on a peut-être mérité de se reposer un peu.