En juillet 2005, était lancée une grande campagne internationale Boycott, Désinvestissement, Sanction appelant à exercer toutes sortes de pressions économiques, académiques, culturelles et politiques sur Israël. Alors que cette campagne monte en puissance en France, un article était publié le 2 novembre dernier dans Le Monde dans la rubrique « point de vue ». Intitulé Le boycott d'Israël est une arme indigne, il était signé par un certain nombre de personnalités juives françaises (notamment Patrick Bruel, Bernard-Henri Lévy, Pierre Arditi) et de politiciens socialistes (François Hollande, Bertrand Delanoë, Anne Hidalgo, Manuel Valls). A propos du boycott des produits israéliens, le texte énonce que « l'illégalité de la démarche ne fait pas de doute et la justice française ne tardera pas à la confirmer ». Ils expliquent également qu'ils sont « contre le boycott parce [qu'ils sont] pour la paix ».

Eh bien, je ne suis pas du tout d'accord. Au contraire, boycotter les produits israéliens, c'est un moyen légitime, intelligent et pacifique de s'opposer à la politique israélienne. Il faut peut-être rappeler à ces messieurs, qu'actuellement, le parti au pouvoir en Israël est le Likoud, un parti d'extrême-droite ; que le vice-premier ministre est Avigdor Liberman, dirigeant du parti Israel Beytenou, également d'extrême-droite. Rappelons aussi qu'Israël détient le record mondial en dépenses d'armements par habitant et que le budget de Tsahal est de 13 milliards d’euros, soit 10 % du budget national (contre 4 % aux USA, 2 % en France ou en Russie). Israël est un état guerrier, qui favorise l'escalade de la violence au Moyen-Orient, qui viole les décisions de l'ONU, et en toute impunité : il est soutenu par une bonne partie des nations puissantes, et les autres s'abstiennent systématiquement de critiquer l'État hébreu par peur de se faire taxer d'antisémitisme.

Que reste-t-il donc aux citoyens occidentaux pour s'opposer à la politique israélienne, puisqu'ils ne peuvent compter sur leurs élites ? Que reste-t-il aux pacifistes qui s'opposent au terrorisme palestinien ? Le boycott, un moyen non seulement digne, mais aussi raisonable, civilisé et modéré, qui permet à chaque citoyen qui le souhaite de faire pression (un tout petit peu) sur un état. Evidemment, c'est parfaitement légal : on a le droit de consommer les produits que l'on veut.

J'aurais préféré qu'ils publient un texte contre la colonisation des territoires palestiniens, d'ailleurs soumis par Israël à un embargo. Ils déclarent préférer le dialogue au boycott, je ne suis pas contre le dialogue, mais, qu'a donc donné le dialogue avec Israël depuis 60 ans ? Rappelons aussi que, selon certains observateurs, le boycott de l'Afrique du Sud aurait eu un rôle sur la fin de l'apartheid. Enfin, et cela fait plaisir, notons que la campagne de boycott est soutenue par certains Israéliens et quand même quelques politiciens français.