On se réjouissait du printemps arabe il y a quelques mois au fur et à mesure de la chute des dictatures (Tunisie, Égypte, Libye) et des manifestations. Cependant, nombreux étaient les gens émettant des réserves sur l'issue heureuse de ces révolutions - j'en faisais partie. Malheureusement, aujourd'hui, la situation dans ces pays n'est probablement pas en phase avec l'attente des révolutionnaires.

En Libye, la fin de la guerre civile a débouché sur un lynchage de Kadhafi et l'exposition de son cadavre mutilé. Dès la proclamation de la libération de la Libye le 23 octobre, le président du CNT Moustapha Abdeljalil a annoncé l'adoption de la charia comme source du droit. Et ce nouveau président est l'ancien ministre de la Justice de Kadhafi, en poste de 2007 jusque février 2011...

En Égypte, la situation n'est toujours pas stabilisée même après la chute du dictateur. Les manifestations continuent - malgré la mise en place du régime militaire - et la barbarie aussi : au Caire, deux journalistes ont ainsi été violées et battues par plusieurs dizaines personnes, dans la rue, au milieu d'une foule en liesse, en plein jour et pendant 25 et 45 minutes. Les blessés et les morts place Tahrir sont chaque mois plus nombreux.

En Tunisie, les toutes dernières élections de l'assemblée constituante voient la victoire du parti islamique Ennahda remportant 89 sièges sur 217. Ce parti, emmené par le prédicateur Rached Ghannouchi, ne passe pas pour être spécialement modéré.

Pendant ce temps là, des centaines de Syriens se font massacrer par leur propre gouvernement dans l'indifférence quasi-générale. Au Yémen, le président joue à je-cède-je-cède-pas mais pour l'instant, les manifestations sont vaines. Au Bahreïn une répression rapide, avec l'aides de l'armée émiratie et saoudienne, semble avoir endigué les protestations.

En Algérie, pourtant solide dictature, les protestations ont été étouffées à la fois par la répression (arrestations) et des cadeaux (augmentations salariales, réformes limitées). Cette politique de mini-réforme est aussi appliquée en Jordanie.

Au Maroc, Mohammed VI semble avoir lâché un peu plus de lest en mettant en place une nouvelle constitution approuvée par référendum en juillet dernier. Mais le Parti de la justice et du développement, parti islamique, vient de remporter les élections législatives avec 27,08 %.

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