La communauté arménienne représenterait environ 500 000 personnes en France (dont les célèbres Charles Aznavour, Édouard Balladur, Patrick Fiori, Francis Veber, François Berléand, Nadia Farès, André Manoukian, Youri Djorkaeff ou Patrick Devedjian). Or, les élections présidentielles approchent, et toutes les voix sont bonnes à récupérer.

C'est sans doute dans cette optique que Valérie Boyer, députée UMP des Bouches-du-Rhône (Marseille est la première ville française de la diaspora arménienne), a proposé une loi sur la négation des génocides, dont celui des Arméniens en 1915. Aucun parti ne voulant perdre des voix en 2012, le texte a été adopté à une très large majorité. Elle prévoit de punir la négation d'un génocide d'un an d'emprisonnement, d'une amende de 45 000 euros ou des deux. A noter qu'actuellement, la France reconnait deux génocides, celui des Juifs pendant la seconde guerre mondiale (loi Gayssot) et celui des Arméniens.

Avec les lois mémorielles, on en arrive justement sur des débats sans fin au niveau du vocabulaire. Qu'est ce qu'un génocide ou un crime contre l'humanité ? Les massacres au Rwanda en 1994 ? La traite négrière au XVII et XVIIIe siècle ? Les guerres de Tchétchénie ? La conquête de l'Amérique par les Européens ? Les massacres des Khmers rouges dans les années 1970 ? La Terreur pendant la Révolution française ? Les exactions pendant la guerre d'Algérie ? Les guerres punitives des Mongols ? Les expéditions des Huns ? Le massacre de la Saint-Barthélemy ? Les massacres des Chinois par les Japonais pendant la Seconde guerre mondiale ? La déportation des Acadiens ? Les massacres en ex-Yougoslavie dans les années 1990 ?

En démocratie, c'est aux historiens d'expliquer l'histoire, pas aux politiciens de fixer dans le marbre leur vérité historique. Il en va de la liberté d'expression, d'éviter la hiérarchie des souffrances et d'un souci de s'approcher d'une vérité historique. Car l'histoire, c'est souvent une question d'interprétation, et l'honnêteté empêche souvent d'avoir une vision manichéenne des choses : c'est rarement les gentils d'un côté, les méchants de l'autre. Les loi mémorielles sont dignes du stalinisme.