Les présidentielles approchent à grand pas, j'ai décidé de livrer mes impressions sur les candidats.

Tout d'abord, Nathalie Arthaud. On s'amusera que la candidate de Lutte ouvrière est physiquement un clone d'Arlette Laguiller. Mais plus étonnant est son discours. En campagne dans les médias, elle est constamment dans la critique du monde de la finance et scande à tout va que les travailleurs (comprendre, les ouvriers) sont des esclaves modernes. D'accord, mais quel est son programme ? Elle se fâche tout rouge, mais a bien peu de propositions concrètes. Notamment, elle ne veut plus qu'une seule grande banque nationale et l'interdiction totale des licenciements. Peu importe les élections, dit-elle, car la révolte viendra de la rue. Poutou ? Elle ne veut pas s'allier avec lui, car le NPA n'est plus communiste. Mélenchon ? L'alliance est impossible, car le programme de Mélenchon « est un programme de gouvernement » dit-elle sur un ton indigné. En clair : elle se présente pour faire du bruit, mais ses voix ne serviront à rien puisqu'elle ne veut pas gouverner.

Philippe Poutou. Ouvrier chez Ford et sans diplôme, le candidat du NPA est un des seuls candidats qui travaille tout en menant la campagne. Cet ancien de Lutte ouvrière est plutôt sympathique. Légèrement timide, il apparait souvent de bonne humeur, à la différence d'Arthaud. A l'écouter parler, on a également du mal à ne pas sourire. Invité à s'exprimer chez Laurent Ruquier, il expliquait ne pas avoir voulu être candidat, qu'il était contre le système présidentiel ou que son parti n'avait toujours pas tranché sur la mise en avant de candidates musulmanes voilées aux élections (lors des régionales de 2010 en particulier). Bref, Poutou ne sait pas trop où il en est, et son parti non plus : un tiers de ses membres, emmenés Pierre-François Grond, appellent à soutenir le Front de Gauche.

Pour finir, Eva Joly. Juge d'instruction très respecté, femme intègre, a priori un des meilleurs candidats pour défendre l'intérêt général et ne pas se laisser berner par le monde des affaires. Mais sa campagne est catastrophique. Elle s'attaque à tous les symboles de la France, voulant supprimer le défilé militaire du 14 juillet, sortir de dissuasion nucléaire, propose des jours fériés pour les juifs et les musulmans, s'attaquant ainsi à la laïcité. On a crainte que son projet pour la France soit... la Norvège. Celle qui soutenait le mouvement démocrate aux dernières présidentielles a aussi appelé à un accord de « désistement réciproque » au second tour de l'élection présidentielle avec François Bayrou, tuant ainsi le peu qu'il restait de la gauche dans Europe Ecologie Les Verts. Tout cela est peut être imputable à son inexpérience de la politique ; en tous cas on ne peut pas dire qu'elle soit soutenue par son parti. Dès qu'elle tient des propos polémiques, comme sa volonté de sortir du nucléaire ou d'arrêter la construction de l'EPR de Flamanville, comme pour ceux sur la laïcité, elle est aussitôt lâchée par la direction, Jean-Vincent Placé et Cécile Duflot en tête, qui déclarent que la position de la candidate n'est pas celle du parti. Quant à Daniel Cohn-Bendit, qui n'en loupe jamais une pour dire une ânerie, il a déclaré mi-janvier qu'il serait prêt à voter pour Hollande au premier tour...