Dix mauvaises mesures pour lutter contre le sexisme
Par Pierre le mercredi 7 mars 2012, 21:16 - Divers / Misc - Lien permanent
Pour une fois, ce n'est pas le maître de ces lieux qui vous parle, ou plutôt vous écrit : c'est un invité, Pierre, qui nous parle des dix mesures pour atteindre « l’égalité femmes - hommes ».
À l’occasion de la fameuse journée de la femme, je voudrais revenir sur une lettre ouverte que 45 associations féministes ont adressé aux candidats à la présidentielle il y a quelques semaines pour leur présenter 10 mesures pour atteindre « l’égalité femmes - hommes » (référence par exemple ici : http://www.millebabords.org/spip.php?article19873).
Je vais vous montrer en analysant ces 10 mesures combien le mouvement féministe contemporain qui prétend lutter contre le sexisme fait totalement fausse route. (J’ai aussi réécrit en français correct les extraits du texte). Je me permets de préciser également que je suis tout à fait contre le sexisme et pour l’égalité des personnes quel que soit leur sexe ou leur genre.
1. Créer un ministère d’État des Droits des Femmes dans un gouvernement paritaire
On voit là immédiatement que l’égalité a un sens particulier pour les féministes. Il ne faudrait s’intéresser à défendre les droits que d’un seul côté de l’humanité. On ne voit pas bien non plus de quels droits il va falloir s’occuper pour établir l’égalité : le droit d’avoir le même nombre de jours de congé de maternité (donc moins) ? le droit de se voir imposer une maternité ?
Quant à la parité, on ne nous a toujours pas expliqué les fondements de cette lubie discriminatoire. Les femmes sont-elles si incompétentes qu’on devrait leur mettre des quotas ? Et à quand une parité des noirs, des juifs ou des daltoniens ? Il y aurait beaucoup à dire, mais beaucoup a déjà été dit, je vous renvoie par exemple aux écrits d’Elisabeth Badinter sur le sujet.
2. Réaliser l’égalité professionnelle et salariale avant 2017 en engageant une revalorisation des métiers à prédominance féminine et en majorant les cotisations sur les temps partiels.
Pour commencer cette demande suppose qu’il y aurait une inégalité professionnelle entre hommes et femmes : qu’est-ce que cela veut bien dire ? Faut-il que tout le monde ait le même métier ? On ne voit pas bien. Ensuite pour la soi-disante inégalité salariale, elle n’a jamais été démontrée scientifiquement : il faut comparer ce qui est comparable ! Si globalement on constate que les femmes sont moins bien payées, c’est parce qu’elles ont souvent des emplois moins bien rémunérés tout simplement, ou parce qu’elles font plus de temps partiels. Qui les empêche de passer à temps plein ? (voir à ce sujet http://espritvif.free.fr/index.php?post/2012/01/27/Inegalite-salariale-hommes-femmes-mensonge).
Sur la revalorisation, on voit encore la vision de l’égalité de nos amies féministes. Elles font surement référence aux métiers de mannequin ou de travailleuse du sexe qui sont fortement dévalorisés...
3. Créer une Haute Autorité contre les violences faites aux femmes avec un Observatoire national dédié 6. Multiplier par 4 le nombre de places d’hébergement spécifiques pour les femmes victimes de violences
J’analyse ces 2 mesures ensemble car elles concernent le même sujet (on ne voit pas vraiment pourquoi les avoir séparées et en plus de façon non consécutive). Encore une fois une vision sexiste du sujet règne en maître ici : les violences faites aux hommes existent tout autant, et même si le nombre de victimes serait plus faible (ce qui reste à démontrer, 95% des études sur le sujet de la violence dans le couple les ignorant totalement, sauf pour les considérer comme des agresseurs), il est loin d’être négligeable. (voir http://www.rue89.com/2011/03/01/sos-hommes-battus-cest-aussi-ca-legalite-des-sexes-192873).
On ne voit pas non plus ce que ces énièmes instances administratives pourraient bien faire pour améliorer la sitation de la violence intra-conjugale : les lois existent, il faut donner les moyens à la justice et à la police de les faire respecter, et le reste nécessite surtout de la prévention éducative et sociale.
4. Rembourser l’IVG à 100% et ouvrir 100 nouveaux centres d’IVG 5. Ouvrir 500 000 places d’accueil en crèche dans les 5 ans.
Je traite aussi ces deux mesures simultanément. J’ai d’abord envie de dire : mais quel rapport avec l’égalité hommes-femmes franchement ? L’IVG est remboursé à 100% aux hommes et personne ne nous a rien dit ? Quelle vision triste aussi de la femme, qui ne serait telle qu’en tant que reproductrice... Ensuite sur le détail du contenu, ne faudrait-il pas plutôt proposer des mesures pour réduire le taux d’IVG qui est un des plus élevés parmi les pays qui autorisent l’avortement ? Augmenter la durée légale ? Rembourser les moyens de contraceptions ? Subventionner la recherche sur la contraception masculine ? Pardon, je rêve... Sur les crèches il y aurait beaucoup à dire aussi. Quand on fait un enfant il faut assumer ses responsabilités et ne pas vouloir les faire porter à la société. La natalité n’est pas obligatoire. L’égalité passe peut-être aussi par la nulliparité.
7. Assurer dans les 3 ans, à chaque professionnel intervenant dans le champ éducatif, une formation à l’égalité garçons-filles et à la déconstruction des stéréotypes sexistes
Sur ce point je serais plutôt d’accord sur le fond, mais j’émettrai deux réserves : je ne crois pas qu’il y ait vraiment de gros soucis de sexisme dans l’éducation aujourd’hui en France, (et celui qu’il peut avoir n’est pas forcément dans le sens qu’on croit) ; et je ne pense pas que la population enseignante soit prioritaire à cibler pour ce genre d’actions, contrairement aux parents par exemple...
8. Reconnaître le droit à l’adoption pour les couples de même sexe et le droit à l’aide médicale à la procréation pour les couples de lesbiennes.
Encore une fois quel rapport ? Démagogie pour rallier les LGBT à la cause ? Si je soutiens bien entendu à 100% ces droits, c’est une fois de plus une vision unilatérale du sujet. Pourra-t-on adopter aussi des garçons ? Et quid de la gestation pour autrui (GPA) pour les couples gays ?
9. Supprimer le délit de racolage passif, mettre en place des mesures de prévention et d’éducation, pénaliser les clients prostitueurs et accompagner les personnes qui souhaitent quitter la prostitution.
Sûrement la mesure la plus absurde et fortement décriée par de nombreux mouvements se revendiquant eux aussi du féminisme (sauf le premier point sur lequel on est tous d’accord je pense).
L’ineptie de ces mesures moralisatrices ayant été maintes fois analysées par d’autres, je vous renvoie à leurs écrits, notamment cet article http://leplus.nouvelobs.com/contribution/222266-prostitution-et-loi-de-penalisation-analyse-d-une-hypocrisie-orchestree.html, ainsi que les articles sur le site du STRASS.
10. Garantir la délivrance et le renouvellement du titre de séjour aux femmes étrangères victimes de violence
Toujours l’égalité qui a décidément une bien étrange définition ! Va-t-on devoir accueillir toutes les femmes battues du monde ? Mesure sexiste et démagogique.
Voilà donc mis à jour l’état de décrépitude du mouvement féministe aujourd’hui, qui n’arrive qu’à produire un ensemble de requêtes sexistes ou hors-sujet sans aucune cohérence, qui révèle la réalité du féminisme : une escroquerie intellectuelle. La défense de la femme n’a pas de sens, car LA femme n’existe tout simplement pas. Il y aurait pourtant des vraies mesures antisexistes à prendre dans notre société :
- Suppression du sexe de l’état civil
- Uniformisation des droits aux congés parentaux
- Définition non sexiste du viol
- Suppression de la ségragation sexuelle dans les lieux publics (toilettes, vestiaires, …) et dans les compétitions
- Lutte contre le sexisme des mouvements religieux
- Amélioration de la contraception pour tous
et j’en passe bien sûr. il est donc temps que ces mouvements se rendent compte qu’ils ne représentent personne à part eux mêmes et arrêtent de donner des leçons de morale à la société.
Commentaires
Je pense que la gestation pour autrui est une bonne idée en théorie, mais mauvaise en pratique. En pratique, ce sont des femmes pauvres qui se transforment en « usine à bébé » pour les gens riches qui n'arrivent pas à avoir d'enfants naturellement. Elles donnent leur corps comme le font les prostituées, portent un enfant pendant 9 mois et garderont peut-être des séquelles psychologiques. L'adoption d'un enfant abandonné me parait beaucoup plus saine.
Il vaut mieux parler de (et lutter pour) les droits de l'homme (y compis les femmes) plutôt que les droits des femmes. Il est temps de dépasser ce concept vétuste de la répartition entre les sexes. Egalité professionnelle, violence, le droit à l'adoption, prostitution... tout cela concerne les deux sexes.
Pour l'IVG, par contre, pourquoi pas ? Le remboursement à 100% peut se faire en plus des mesures visant à diminuer le nombre d'avortements. Cela n'a rien à avoir avec la vision de la femme en tant que "reproductrice". La femme l'est de nature, qu'on le veuille ou pas. Et il n'y a pas de contraception sûre à 100%.
En ce qui concerne les crèches : "Quand on fait un enfant il faut assumer ses responsabilités et ne pas vouloir les faire porter à la société". => On est d'accord, si on fait des enfants, c'est pour s'en occuper ! Malheureusement, on a aussi besoin de l'argent pour les élever. Vivre avec un seul salaire
dans une société moderne est difficile à moins d'être un cadre dirigeant ou une profession libérale. Les deux parents sont le plus souvent obligés de travailler pour vivre décemment, hélas, au détriment du temps qu'ils passent avec leurs enfants. Le problème dépasse donc le cadre purement féminin pour devenir plutôt social.
@Esprit vif :
Si on devait interdire toutes les bonnes idées qui en pratique ont du mal à se réaliser correctement, on va interdire beaucoup de choses je crois :)
c'est fondamentalement les mêmes arguments que pour la prostitution : oui dans un monde idéal, 90% des femmes ne chercheraient pas à avoir des enfants, et l'utérus artificiel existerait, il n'y aurait donc pas besoin de cette solution.
on pourrait tout à fait légaliser la mesure en mettant quelques limites légales pour éviter les dérives que tu pointes. il ne faut pas oublier que le premier droit de la femme c'est aussi de disposer de son corps comme elle l'entend (qu'elle ne peut pas donner, ni louer à personne, mais seulement utiliser pour offrir un service à autrui).
je suis aussi bien sur pour l'adoption de tous les orphelins, mais ça ne me paraît pas contradictoire avec l'existence d'autres possibilités
@V :
ce que je voulais souligner c'est que la moitié des mesures concernent la maternité, ce qui montre une vision bien réductrice des femmes !
je suis bien sur pour le remboursement à 100% de l'IVG.
Pour les crèches, bien sur que c'est un problème social, mais quel rapport avec le féminisme ? Un enfant va avoir un impact sur la vie des 2 parents, à eux de le mesurer et d'en tirer les conséquences ensuite.
Je pourrais refaire un article entier sur les affligeantes propositions de notre futur président... :
http://francoishollande.fr/dossiers...
le Parti Socialiste a vraiment perdu toute intelligence en son sein.
Cet article va m'être très utile ^^