Pas de triomphalisme sur ce blog. Pas de trêve des cent jours après l'élection. Évidemment, le fait que Sarkozy ait perdu, avec son bilan désastreux, a tout pour nous ravir. Mais pas d'angélisme non plus : tout le monde sait bien que le vrai changement, ce ne sera pas maintenant avec le gaucho-centrisme mou de François Hollande. Nous lui souhaiterons cependant la bienvenue, de faire mieux que son prédécesseur et de n'être pas un trop mauvais tenancier.

Mais attaquons le vif du sujet : voici quelques réflexions sur le 35e gouvernement de la Ve République française.

Tout d'abord, ce qui frappe dans la composition de ce gouvernement, c'est la parité hommes-femmes (c'est à la mode, on préfère répartir les postes en fonction de critères physiques avant les compétences), la multitude de nouvelles têtes (une très bonne idée) et la multidude de tendances politiques différentes (très politicien mais assez habituel).

Tout d'abord, le choix du premier ministre est intéressant. Oute l'anecdote qui fait que le Président qui a un nom de pays a choisi un Premier ministre qui a un nom de département, notons que Jean-Marc Ayrault est issue d'une famille modeste (père ouvrier, mère couturière), ce qui l'aidera sans doute à comprendre le peuple. Il n'a pas fait l'ENA (ou autres Sciences Po et HEC, comme François Hollande), mais est professeur d'allemand, ce qui peut être un très bon choix pour dialoguer avec notre premier partenaire économique et co-leader de l'Union Européenne. Populaire à Nantes, plébiscité pour avoir dynamisé sa ville, il a soutenu un projet de centrale nucléaire et celui d'un nouveau grand aéroport au nord-ouest de sa ville. Bref, ce n'est pas un ami des écologistes, mais ça tombe bien, a priori, François Hollande non plus, surtout depuis le faible score d'Eva Joly aux élections présidentielles.

Le choix de Laurent Fabius comme ministre des Affaires étrangères et n°2 me parait moins évident. C'est un « éléphant du parti », éclaboussé par l'affaire du sang contaminé, technocrate et peu charismatique. Peut-être a-t-il été choisi à ce poste pour sa grande expérience politique dans les hautes sphères (il a été Premier ministre, ministre du Budget, ministre de l'Industrie de la Recherche et ministre de l'Économie, des Finances et de l'Industrie) qui fait défaut dans cette nouvelle équipe au pouvoir (une exception est Michel Sapin, ministre du Travail) ? Ou alors est-ce pour donner des gages à la France du  ? En effet, le ministre délégué aux Affaires européennes, Bernard Cazeneuve est également « noniste » (et par ailleurs, partisan de l'énergie nucléaire comme le Premier ministre).

Une autre noniste est le garde des sceaux, Christiane Taubira. Ce choix me parait assez contestable. Le symbole d'une femme, noire, de l'outre-mer est intéressant à ce poste ; mais, malgré son intelligence, rien ne prouve ses compétences en matière de droit ou de justice. Plus grave, elle se revendique autonomiste, ce qui me parait entrer en conflit avec les intérêts de la République. Elle s'est également opposée à la Loi française sur les signes religieux dans les écoles publiques et a soutenu la loi contreversée (car elle fait porter toute la responsabilité aux Européens) qui qualifie de crimes contre l'humanité la traite négrière. A noter que sa ministre délégué est du même moule : Delphine Batho ne semble avoir de compétences spéciales en droit et, en tant qu'ex vice-présidente de SOS Racisme, est également une adepte du communataurisme.

Le choix de Manuel Valls à l'Intérieur est excellent. Peut-être parce que c'est un choix évident : le bonhomme a fait de la sécurité et de l'immigration son cheval de bataille depuis des années, laissons le maintenant passer à la pratique. Il est aussi très intéressant que le sucesseur de Claude Guéant, qui a tant critiqué les immigrés, soit un Français naturalisé. On est nénamoins surpris de retrouver dans un même gouvernement le très droitier (pour le PS) Manuel Valls, et des gens de l'aile gauche tels qu'Arnaud Montebourg ou Benoît Hamon.

Il est assez agréable de voir Najat Vallaud-Belkacem au gouvernement. Jeune, intelligente, elle a très tôt pris position contre HADOPI et pour les droits LGBT. Elle est porte-parole du gouvernement, mais surtout et (hélas !) ministre du Droits des femmes. Oui, c'est un des ministère du gouvernement Ayrault avec un nom stupide ; en effet, il y en a d'autres : ainsi, Arnaud Montebourg est ministre « du Redressement productif » (comprendre, « de l'Industrie »), George Pau-Langevin est déléguée à « la Réussite éducative » (comprendre, « à l'Éducation »). C'est également un ministre délégué pour une catégorie de personnes supposées faibles, comme existe un ministre délégué aux Personnes âgées (Michèle Delaunay), un aux Personnes handicapées (Marie-Arlette Carlotti). Mais « ministre du Droits des femmes », le poste sent l'opération de communication pour attirer les voix des féministes. A la limite, un poste de ministre délégué à l'« égalité des sexes » aurait pu avoir un sens, mais là, on est également en plein de le communautarisme. Pourquoi pas un ministère du « Droit des juifs » ou du « Droit des philatelistes » ?

Deux intitulés de postes sont également bizarroïdes : Benoît Hamon est délégué à « l'Économie sociale et solidaire », quant à Yamina Benguigui, elle est déléguée « aux Français de l'étranger et à la Francophonie ». La francophonie, je vois ce que c'est, mais le reste...

La nomination de Sylvia Pinel, déléguée à l'Artisanat, au Commerce et au Tourisme étonne. Elle a gravit rapidement les échelons du PRG protégée par Jean-Michel Baylet et son journal La Dépêche du midi. On se demande si elle est juste là pour remercier le PRG voire pour le respect des cotats...

A noter que les deux ministres issus d'EELV (Cécile Duflot au Logement et Pascal Canfin délégué au Développement international) ne s'occuperont pas d'écologie, dont le ministère échoit à la socialiste Nicole Bricq. C'est un choix lourd de sens (Hollande / Ayrault veulent garder leur mot à dire sur la politique écologique) et intéressant puisqu'assez inédit.

Si l'absence de Martine Aubry ne me surprend pas (elle était la rivale d'Hollande au primaires socialistes), celle de Bertrand Delanoë, , est plus étonnante. Peut-être Delanoë attend-il 2014, fin de son mandat dans la capitale ?