Tout les médias en parlent : l'exil fiscal de Gérard Depardieu. Certes, c'est une information bien anecdotique parmi la progression du chomâge ou la précarité en Europe, ou la guerre en Syrie, cependant, le sujet n'est pas tout à fait inintéressant. Les exilés fiscaux sont fort nombreux parmi les grands patrons et les vedettes. C'est choquant : ces gens font un sacré bras d'honneur au peuple en lui disant, maintenant qu'on est riche, on ne veut pas contribuer à l'effort national en matière de santé, d'éducation ou de retraite. Mais évidemment, ils seront bien contents de revenir se faire soigner en France quand ils auront une maladie ou un accident grave. Depardieu, qui est devenu riche grâce à son talent mais aussi grâce aux places achetées par les gens qui sont allés voir ses films, est ingrat (en un mot). Peu importe : il n'est vraiment pas le seul.

Non ce qui est unique, c'est de vanter haut et fort son exil fiscal. De faire sa vierge effarouchée quand le premier ministre qualifie son comportement de "minable", alors qu'on a tonitrué dans les médias ses critiques vis-à-vis gouvernement. De partir comme une diva et de montrer aux médias sa nouvelle maison à Néchin, à quelques kilomètres du centre de Roubaix, tout en déclarant renoncer à son passeport français. Mais Depardieu est capable d'aller plus loin, tombant dans la communication politique de Poutine en acceptant un passeport russe et une rencontre dans sa villa à Sochi. Et encore plus loin, en déclarant fièrement que la Russie est une "grande démocratie". Tollé général.

Si on se souvient du caractère excessif (euphémisme) du personnage, auteur de violences, d'accidents de la route en état d'ébriété, étant même capable d'uriner dans un avion de ligne en dehors de l'endroit prévu à cet effet, on se dit que son rôle d'Obélix (le bon gaulois gras et pas très futé) n'était pas complétement un rôle de composition.

Pour l'instant, il n'a pas l'air de comprendre. La provocation, c'est rigolo. Sauf que la vie, ce n'est pas du théâtre. Il montre à tout le monde qu'il a oublié ses origines modestes, qu'il est prêt à tout pour du fric et qu'il crache sur les problèmes du petit peuple, la solidarité attendra. J'espère que les gens boycotteront les prochains films dans lesquels il jouera, ça le fera peut-être réfléchir, s'il en est capable.