Dans le prolongement de l'extension du mariage et de l'adoption aux couples homosexuels, des revendications concernent l'extension de l'assistance médicale à la procréation (PMA) sont apparues. Il a même été question d'intégrer la PMA à la loi Taubira.

Tout d'abord, disons le tout de suite, la PMA n'a rien à voir avec la loi Taubira : elle concerne tous les couples, quelque soit leur sexualité. La PMA est actuellement légale en France mais rigoureusement encadrée. Elle permet à des couples infertiles (comprendre : infertiles ensemble) d'avoir un enfant grâce à la fécondation in vitro ou l'insémination artificielle. Certains couples de femmes homosexuelles voudraient également bénéficier de ce droit. On passe donc de la biologie (un couple hétérosexuel pouvant normalement avoir des enfants, on va leur permettre de le faire) à autre chose (n'importe qui va pouvoir avoir des enfants). Peut-être que désormais les mères célibataires pourront également enfanter. En fait, on glisse vers un droit à l'enfant : dans notre société de consommation, tout le monde veut une voiture, une tablette tactile et aujourd'hui... un enfant. Je suis assez sceptique sur le point de la PMA, mais peut-être est-ce parce que je n'ai pas été confronté à la stérilité. L'adoption est sûrement une meilleure solution, mais je pense que l'envie de PMA vient aussi du souhait de vivre une grossesse chez la mère. Faut-il étendre la PMA aux couples d'homosexuelles et aux mères célibataires ? D'une certaine façon, elles ont déjà moyen de tomber enceinte grâce à un ami masculin qui abandonnera son enfant ; la PMA obtient le même résultat sans l'inconvénient de cet ami masculin (pour qui cela peut être un traumatisme). Il reste cependant un dernier problème : dans l'état actuel de la pratique, les enfants nés d'un donneur anonyme ne connaîtront jamais leur père, qui restera une case vide dans leur généalogie, même s'ils ont son hérédité...

Ceci étant, les techniques légales de PMA autorisées en France ne permettent pas aux hommes homosexuels d'avoir des enfants. Ils veulent aller plus loin : autoriser la gestation pour autrui (GPA), c'est à dire les mères porteuses. Une femme porte l'enfant d'un couple qui a fourni ses embryons - ce n'est pas la mère porteuse qui fournit l'ovule - et remet ensuite l'enfant à ses futurs parents. Avec cette solution, un couple d'hommes peut « fabriquer » ses propres enfants (presque) comme un couple hétéro, des enfants avec qui il a un lien génétique.

Je comprends bien cette volonté d'avoir un lien génétique avec l'enfant, d'avoir un enfant issu de sa chair, qui nous ressemble. Mais le problème des mères porteuses, c'est la marchandisation du corps humain. Légaliser la GPA, c'est accepter que des femmes pauvres fassent des grossesses, pour boucler leurs fins de mois, pour le confort de bourgeois, tout cela organisé par des sociétés commerciales (c'est ce qui se passe dans la majorité des pays où la GPA est légale). C'est aussi faire peu de cas du lien qui s'établit entre la gestatrice et l'enfant pendant la grossesse. Et encore une fois, ce sont les plus démunis qui vont trinquer, à moins de mettre de sacrés garde-fous contre les abus. J'en vois quelques uns, cependant très durs à contrôler : le bénévolat de la mère porteuse, un nombre de grossesse pour autrui limité et faible, que la mère porteuse soit de l'entourage des parents (amis, famille...). Dans une moindre mesure, légaliser la GPA, c'est aussi une source de problème juridique avec l'avenir d'un enfant en jeu si une des parties change d'avis : si la mère porteuse veut garder l'enfant, si les demandeurs n'en veulent plus, si un conflit éclate sur les modalités du contrat...

De plus, dans le cas d'un couple homosexuel masculin - appelons les David et Jonathan - qui bénéficie d'une GPA, l'enfant n'aura qu'une demi-parenté génétique avec un seul des deux parents. En effet, dans le cas "classique", on a les gênes issus de ceux de son papa et de sa maman. Dans ce cas là, on a les gêne de David, d'une dame étrangère à la famille, et aucun de Jonathan... Au final on a donc qu'un quart d'hérédité avec les parents, contre 100% dans la conception hétérosexuelle historique... pour moi c'est comme si on fabriquait un enfant adopté. Un enfant adopté, sauf qu'on a potentiellement endommagé la vie de la donneuse et la porteuse, qui elles aussi ont un lien avec l'enfant. J'y vois un individualisme à l'extrême. Pourquoi s'embêter à concevoir un nouvel être humain à partir d'une famille avec 3 ou 4 parents qui n'ont pas tous les mêmes droits alors que David et Jonathan auraient pu adopter un enfant qui est orphelin ? Parce que bon, des enfants qui cherchent un foyer heureux, il y en a plein.

La communauté homosexuelle se justifie de sa volonté de la PMA et de la GPA par la quasi-impossibilité d'adoption dans beaucoup de pays qui ne reconnaissent pas l'union entre personnes de même sexe. Mais c'est un mauvais raisonnement. Si l'adoption est quasi-impossible pour les homos, il faut travailler pour la rendre possible, même si c'est difficile, plutôt que d'essayer de contourner le problème. Un autre argument que j'entends est que le « tourisme procréatif » existe (Belgique, Pays-Bas), donc autant légaliser la GPA chez nous ; si tout ce que les Français peuvent faire à l'étranger est légalisé en France, on va avoir pas mal de nouvelles lois. C'est bien d'observer ce qui se passe chez les voisins mais ce n'est pas parce que cela se fait ailleurs que c'est juste.