Barrack Obama a succédé à George W. Bush le 4 novembre 2008. Membre du parti démocrate, afro-américain, ancien travailleur social, son accession à la tête du pays le pluis puissant du monde avait suscité bien des espoirs. Cinq ans après, les États-Unis d'Amérique font peur. Pas à cause de la politique économique du pays ou de sa force de frappe militaire. Ce qui fait peur, c'est que l'Amérique d'Obama est une démocratie qui foule constamment le droit au pied.

Les révélations de WikiLeaks en 2010 et 2011 ont montré que le corps diplomatique américain faisait massivement de l'espionnage. Les révélations sur le programme PRISM montrent que la NSA intercepte les communications informatiques des pays développés avec la compilicité des grandes entreprises américaines (Microsoft, Yahoo, Google, Facebook, PalTalk, AOL, Skype, Apple et probablement d'autres), sorte de succession du programme Echelon. Oncle Sam se transforme en Big Brother. Plus grave encore est le comportement des États-Unis avec les lanceurs d'alerte. Bradley Manning, soumis à un isolement carcéral maximum, vient d'être condamné à 35 ans de prison. Julian Assange est bloqué dans l'ambassade de l'Équateur à Londres, poursuivi en justice pour des motifs étonnant. Edward Snowden, lui, est inculpé aux États-Unis et réfugié en Russie. Le compagnon du journaliste du Guardian Glenn Greenwald, à l'origine de la publication des documents confidentiels dérobés par Edward Snowden, s'est vu confisquer tous ses appareils électroniques à l'aéroport d'Heathrow le 18 août dernier et a subi un interrogatoire poussé durant neuf heures par la police britannique.Wikileaks, contre qui aucune poursuite n'a pourtant été engagée, a eu un nombre d'embûches impressionnant après ses divulgations d'information : Paypal a gelé les avoirs de WikiLeaks et a bloqué la possibilité de faire des dons, Visa et Mastercard ont également bloqué l'usage de leurs produits pour faire des dons, la banque suisse PostFinance a fermé le compte bancaire de Julian Assange, le registrar EveryDNS a désactivé le nom de domaine wikileaks.org, Amazon a stoppé l'hébergement de WikiLeaks ...

Dans le même genre, le site de téléchargement Megaupload est fermé en janvier 2012 par le département de la Justice des États-Unis, accusé d'avoir violé les lois sur le copyright. Son fondateur Kim Dotcom et d'autres dirigeants sont arrêtés en Nouvelle-Zélande et en Europe. Après avoir été placé en détention, Dotcom a été libéré. Les États-Unis d'Amérique ont demandé son extradition. Il semblerait que la perquisition effectuée à son domicile était illégale et qu'il ait été mis sur écoute illégalement également.

Le camp de Guantánamo, situé sur une base militaire à Cuba n'est pas fermé. Les États-Unis y détiennent toujours illégalement des prisonniers, non soumis au système judiciaire fédéral américain, emprisonnés dans des conditions dégradantes, parfois sans jugement et sans chef d'accusation, avec pratique de la torture. Même si la Cour suprême des États-Unis a déclaré illégales les procédures judiciaires d'exception mises en place à Guantánamo dès juin 2006, il y reste encore environ 170 sept ans après. Les Américains possèdent d'autres centres de détention (prisons sur des bases militaires ou prisons de la CIA) dans de nombreux pays du monde, notamment en Afghanistan, au Maroc et en Europe de l'Est. Enfin, on sait qu'avec les drônes, l'armée américaine bombarde à distances des pays avec lequels elle n'est pas en guerre, en particulier le Yémen et le Pakistan.

Tout ceci a un impact mondial. Les États-Unis s'appuient largement sur leurs alliés et sur l'OTAN pour leurs agissements illégaux. En juillet, le président bolivien Evo Morales, de retour de Moscou et suspecté d'avoir à son bord Snowden, s'est vu interdire le survol de l'espace aérien de la France, du Portugal, de l'Espagne et de l'Italie ; après avoir été obligé de se poser à Vienne en Autriche, un diplomate espagnol a demandé à visiter son avion. Des prisons de la CIA seraient situées en Bulgarie, au Kosovo, en Lituanie, en Macédoine, en Pologne, en Roumanie, en Ukraine. Les Anglais ont fait du zèle dans les poursuites contre Julian Assange, et les services secrets allemands collaborent massivement au projet PRISM, avec 500 millions de données personnelles interceptées chaque mois outre-Rhin. On a vu que la Suisse et la Nouvelle-Zélande n'hésitent pas à aider les Américains dans leurs attaques contre Assange ou Dotcom. On voit aussi que les états ne se bousculent pas pour offrir l'asile aux lanceurs d'alerte et que les condamnations vis-à-vis de PRISM ont été mollassonnes. En définitive, la quasi-totalité des états européens, ainsi que les alliés américains du Moyen-Orient et les pays du Commonwealth, obéïssent aux services secrets américains.

Pourquoi est-ce grave ? Si on ne respecte plus le droit, il n'y a plus de démocratie. De plus, les grandes oreilles américaines ont un sacré arrière-goût de Stasi. Cela ne présage vraiment rien de bon.