Début août, le Mouvement Pour la France (MPF) de Philippe Le Jolis de Villiers de Saintignon a rejoint l'UMP en acceptant de siéger au Comité de liaison de la majorité présidentielle, structure politique initiée par Nicolas Sarkozy pour coordonner les partis politiques qui soutiennent son action.

L'avantage d'une telle alliance parait évident pour le MPF : les élections régionales de 2010 approchent, et le MPF apparaît plutôt faible. Ainsi, un seul député européen (de Villiers lui-même) a été élu en 2009, contre 3 en 2004. Il n'y a que deux députés MPF élus à l'Assemblée Nationale, qui ne se sont pas vus opposer de candidats UMP face à eux. Philippe de Villiers n'avait obtenu que 2,23% des suffrages exprimés aux dernières élections présidentielles, arrivant derrière Jean-Marie Le Pen et Olivier Besancenot. Allié avec l'UMP, le MPF pourra donc sans doute placer plus d'élus aux prochaines élections. Il est d'ailleurs fréquent que le MPF s'allie avec des partis de droite plus importants lors de certains scrutins locaux.

Là où l'avantage parait moins évident, c'est pour l'UMP. D'une part, Nicolas Sarkozy et Philippe de Villiers ont des divergences politiques certaines. Même s'ils sont d'accord sur des thèmes tels que la fiscalité et la religion, le MPF est un parti souverainiste notamment opposé au Traité de Lisbonne, opposé au retour de la France au centre de l'OTAN, mesures défendues par le président de la République. D'autre part, Le MPF est un parti d'extrême-droite. Il milite pour une justice ferme et la défense de la morale catholique, souhaite l'organisation d'un référendum sur la peine de mort, est pour la mise en place d'une heure hebdomadaire d'éducation patriotique dans les horaires scolaires, stigmatise les musulmans à la moindre occasion (cf le livre « Les Mosquées de Roissy »), critique l'avortement et s'oppose aux droits des homosexuels, est pour « l'immigration zéro ». On notera que de nombreux cadres du MPF sont issus ou sont partis au Front National (FN). C'est le cas de Jacques Bompard, maire d'Orange, fondateur du FN, élu en 2001 avec l'étiquette du FN, avant de rejoindre le MPF. De même, Damien Bariller, ancien membre du FN, ancien directeur du cabinet de Bruno Megret et du Mouvement National Républicain, est responsable de la fédération MPF des Bouches-du-Rhône.

Pour l'UMP, le seul avantage de ce rapprochement UMP-MPF est de permettre de rallier les électeurs frontistes, et présenter un front uni face à aux multiples partis de gauche. Mais en contrepartie, l'UMP aura désormaiscdu mal à critiquer le programme de Jean-Marie Le Pen, possédant des ersatzs de frontistes dans ses rangs. L'UMP aura aussi du mal à se sortir des controverses telles que celles suscitées par l'apposition des termes qui composent le « Ministère de l'Immigration, de l'Intégration, de l'Identité nationale et du Codéveloppement » nouvellement créé, par la loi sur le recours aux tests ADN contre les immigrés ou par les blagues douteuses de Brice Hortefeux.