On a pas mal parlé sur ce blog et ailleurs de l’affaire des caricatures de Mahomet. Pour rappel, un journal chrétien danois avait publié une série de caricatures du prophète Mahomet en septembre 2005. S’en était suivi un procès - qui a échoué – contre le journal en question, puis une violente campagne de musulmans indignés de ces caricatures, et enfin une campagne de soutien de la presse internationale au nom de la liberté d’expression.

Certains journaux français avaient participé à cette campagne de soutien, notamment Charlie Hebdo, qui avait publié ses propres caricatures provoquantes. Dalil Boubakeur, recteur de la Mosquée de Paris, et président du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM), avait déclaré que les caricatures du prophète Mahomet constituaient « un véritable délit d'expression de la haine raciale ». Au passage, il est amusant de constater par cette occasion que Monsieur Boubakeur ne sait pas faire la différence entre origines ethniques et convictions religieuses. Il est également étonnant de voir qu’il avait décidé alors de porter plainte contre Charlie Hebdo et pas contre France Soir qui avait également publié les caricatures. Sans doute parce que le directeur de la publication de France Soir avait été limogé immédiatement par le propriétaire franco-égyptien Raymond Lakah. On peut dire que globalement, la communauté musulmane française avait très peu réagi pour défendre la liberté d’expression, mis à part le Grand Mufti de Marseille.

Le procès a donné très clairement raison à Charlie Hebdo en mars 2007. Et pourtant, la Grande Mosquée de Paris et son gourou publient des communiqués (ici et ) sur leur site web pour tenter de justifier leur action.

Leurs communiqués sont d’une mauvaise fois effarante. On peut lire : « l’énorme pression médiatico-politique qui s’est manifestée dans ce procès en faveur des caricaturistes de Charlie-Hebdo, et, ce malgré le droit légitime des musulmans de se sentir blessés par la violence délibérée et raciste des publications traitant de manière indigne les fidèles musulmans ». Oui, les musulmans peuvent se sentir blessés par ces caricatures. Mais ils ne sont pas obligés d’acheter ce journal, ni de regarder les caricatures qui ne leur plaisent pas. Il faut rappeler à la Grande Mosquée et ses amis que la France est un pays laïque où la religion est séparée de l’état et où l’on considère que la liberté d’expression est un des fondements de la démocratie. De plus, encore une fois, critiquer les musulmans, ce n’est pas du racisme. L’islam, c’est une religion, pas une ethnie.

Sous réserve de critiquer le fait que les musulmans étaient assimilés dans les caricatures à des terroristes, alors qu’explicitement les caricatures représentaient des islamistes intégristes et non des musulmans, Monsieur Boubakeur et le CFCM voudraient établir un « délit de blasphème ». Ils tentent d’expliquer dans leurs communiqués que le Tribunal de Grande Instance de Paris a reconnu leurs accusations - ce qui est faux - et qu’ils ont décidé sereinement de ne pas faire appel parce qu’ils sont cools - alors que c’est parce qu’ils n’ont aucune chance de gagner en appel.

Franchement, les membres du CFCM feraient mieux de s’écraser. Ils font passer l’ensemble des musulmans pour des intégristes incapables de respecter la liberté d’expression, la laïcité et les valeurs de la République.